Communiqué de presse
Paris, le 15 mai 2000
L'Agence de l'OCDE pour l'énergie nucléaire (AEN) vient de réaliser une étude technique importante destinée à étayer le débat international sur le cycle du combustible nucléaire. Cette étude a été préparée à la demande de la Commission OSPAR, établie en vertu de la Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est.
Il s'agit d'une étude comparative des incidences radiologiques, sur le public et les travailleurs du nucléaire, de deux options de gestion du combustible usé issu des centrales nucléaires :
Cette étude a été réalisée sous l'autorité d'un comité de l'AEN composé de hauts responsables experts en radioprotection des 27 pays Membres de l'AEN dont certains possédent une industrie nucléaire et d'autres non, ainsi que de plusieurs organisations intergouvernementales.
A l'issue de travaux de recherche approfondis, menés par un groupe de 18 experts de renommée internationale, le rapport conclut que :
Afin de conférer une valeur générique à cette étude, on s'est fondé sur des installations nucléaires simplifiées et représentatives pour évaluer les deux options du cycle du combustible. Les scénarios choisis, établis à partir de réacteurs à eau pressurisée, ont montré que les incidences radiologiques calculées sont proches des résultats obtenus pour de véritables installations, ce qui valide, donc, dans une large mesure les hypothèses adoptées. Néanmoins, les auteurs de l'étude ont souligné que d'autres facteurs, comme l'utilisation efficace des ressources, la sécurité énergétique et les considérations économiques et sociales, tendraient à avoir plus de poids dans les processus de décision.
Ce rapport, qui jouit d'une reconnaissance internationale, servira de référence technique pour les futurs débats de l'OSPAR sur les politiques à suivre et permettra à l'AEN de mieux répondre aux besoins des pays Membres quant aux décisions à prendre et aux politiques à définir. La richesse des données contenues dans ce rapport pourra aussi être exploitée pour d'autres études scientifiques détaillées du cycle du combustible. En outre, le rapport pourra servir de base à des études plus vastes sur les stratégies de développement de l'énergie nucléaire, les stratégies du cycle du combustible nucléaire et le rôle de l'énergie nucléaire dans le contexte du développement durable.
Le Directeur général de l'AEN a transmis ce rapport au Secrétariat de l'OSPAR.
Les incidences radiologiques des options de gestion du combustible nucléaire usé : Une étude comparative
(662000092P1 ) ISBN 92-64-27657-2
Quelques précisions sur le rapport de l'AEN intitulé Les incidences radiologiques des options de gestion du combustible nucléaire usé : Une étude comparative
Cette étude porte sur toutes les parties des deux options de cycle du combustible étudiées, qui importent pour la comparaison des incidences radiologiques, à savoir l'extraction de l'uranium, différentes étapes de la fabrication du combustible, la production d'électricité et le retraitement ainsi que le transport et les déchets. Pour l'étape du retraitement, on a supposé que le plutonium séparé était recyclé une fois, sous forme de combustible MOX, pour la production d'électricité.
Cette étude se fonde sur le système de protection radiologique recommandé par la CIPR dans sa publication 60 (1991) pour évaluer les incidences radiologiques sur les populations vivant dans le voisinage des installations nucléaires, le public dans son ensemble et les travailleurs.
Pour évaluer les incidences radiologiques des deux cycles du combustible étudiés, les valeurs utilisées sont basées sur les rejets annuels normalisés d'installations de référence réelles soigneusement choisies afin d'être représentatives des bonnes pratiques actuelles en matière de radioprotection. Des modèles génériques faisant appel à des hypothèses simplifiées pour caractériser les populations exposées aux rejets radioactifs ont ensuite été utilisés pour calculer les doses à la population. Il est important de noter que ces calculs, basés sur des scénarios simplifiés du cycle du combustible, ont été validés sur des résultats enregistrés dans quelques installations réelles. En outre, les incidences radiologiques calculées ont été complétées par des résultats d'études réalisées par d'autres organismes nationaux et internationaux.
Il est spécifié dans l'étude que les incertitudes associées aux hypothèses adoptées pour calculer l'exposition du public sont importantes. En particulier, les expositions du public correspondant aux opérations d'extraction et de traitement de l'uranium se sont révélées extrêmement sensibles aux hypothèses retenues dans l'étude selon lesquelles les bonnes pratiques et technologies actuelles sont appliquées et les stockage de résidus de traitement seront stables à long terme. Il a été démontré que de bonnes pratiques de gestion des stockages de résidus d'extraction et de traitement d'uranium donnent des taux d'émanation de radon relativement bas et, en conséquence, de faibles expositions pour la population. Selon des données d'études précédentes, les stockages de résidus peuvent émettre des dizaines, voire des centaines, de fois plus de radon que les valeurs choisies comme hypothèse dans l'étude, s'ils ne sont pas gérés conformément aux normes actuelles. A titre d'exemple, des émanations de radon dix fois plus importantes pourraient se traduire par un décuplement des doses modélisées dans l'étude. Même si les données enregistrées dans des mines bien gérées au Canada et en Australie indiquent que l'hypothèse de l'application de bonnes pratiques est raisonnable, ces incertitudes pèsent sur les résultats numériques. En outre, d'autres incertitudes viennent de ce qu'il n'existe pas encore d'expérience d'exploitation pour certaines composantes des cycles du combustible simplifiés qui ont été choisis pour cette l'étude.
Les résultats numériques de l'étude sont présentés dans le tableau 23 du rapport (Tableau résumant les estimations de dose au public et aux travailleurs associées aux principales étapes du cycle du combustible pour chacune des options). Lorsque l'on examine les données figurant dans le tableau ci-dessus, il est instructif de constater que, dans l'ensemble, pour les deux options, les expositions de la population sont faibles par rapport aux limites réglementaires fixées et, en outre, insignifiantes par rapport aux expositions imputables à la radioactivité naturelle (la valeur moyenne annuelle de la dose individuelle découlant de l'exposition au fond naturel de rayonnement est de 2,4 mSv pour l'ensemble de la planète).
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